Cadiou Industrie : “La transformation digitale doit être impulsée par le dirigeant”

4 octobre 2022

Rozenn Grenat

Tranformation digitale - interview E. Cadiou

De la production à la relation clients, en passant par la conduite du changement en interne, Emmanuelle Cadiou, présidente de Cadiou Industrie est revenue sur les éléments clés de la transformation digitale de son entreprise.

Première étape, la digitalisation de la production

« Il y a quelques années, nos commandes de production étaient gérées avec un tableau excel et un système de fiches papier. Simple et pratique lorsque le volume de commandes est restreint. Impossible lorsque le rythme de production s’accélère ou que les clients changent d’avis au dernier moment. Cadiou voulait garder cette souplesse et cette liberté.
La mise en place d’un configurateur technique a permis de gérer les demandes de changement des clients, monter en puissance au fur et à mesure que les commandes augmentent et obtenir un rendement croissant.

Données de production, contrôle qualité, usinage, découpage… L’ensemble de la chaîne de production a été digitalisée. »

Une transformation digitale qui se prolonge “dans la relation client”

« Grâce au Phare, nous avons opté pour une stratégie de lead management. Nous sommes passés de 5 000 leads en 2019 à près de 10 000 en 2021. Le lead est notre première source de business.”

Depuis quelques années, nous captons directement les demandes des clients finaux qui ont un projet d’aménagement extérieur (portails, clôture, gardes-corps) sur notre site kostum.fr.

Ensuite, une redistribution de ces leads est organisée vers nos artisans revendeurs. En quelques heures, un lead doit être traité. Dans le cas contraire, un workflow permet de l’attribuer à un autre artisan.

Les leads sont distribués aux artisans en fonction de l’intensité commerciale qui détermine une note. Donc, plus sa note est haute, plus ses chances d’avoir un lead augmentent. Maintenant, il faut être réactif.

Nous devons accompagner les artisans au maximum sur cette question des leads et de leur qualification. Quand on a un lead, il faut s’en occuper, lui donner du sens. Progressivement, on acculture nos clients aux nouvelles technologies. Et on les bichonne, on les aide à créer leur site web, à gérer leurs avis…

Enfin, notre espace Pro reflète cette logique de digitalisation : gestion des commandes, suivi des commandes, SAV, délais de livraison… Tout est géré de cette manière pour leur faire gagner du temps et à nous aussi. Chaque artisan partenaire a accès à l’espace Pro gratuitement. »

Un vieil ERP solide, rajeuni par des API

« Pour notre ERP, nous avons fait le choix de nous détacher des ERP traditionnels souvent lourds à gérer et coûteux. Avec notre ERP qui date des années 2000, nous avons conservé notre colonne vertébrale, tout en y ajoutant régulièrement des API ou des web services pour le rendre agile en l’interconnectant avec nos autres logiciels métiers. On ne peut pas demander à un ERP de s’adapter MAIS il doit pouvoir s’ouvrir.
L’idée est de garder notre indépendance, notre souplesse et notre réactivité, sans être menottés à une solution technique. Nous venons d’ailleurs de recruter un ingénieur API. »

Il faut de la transparence dans les relations avec les prestataires

« Il y a parfois des frictions pour aller au bout des projets, avec certains prestataires qui ne tiennent pas leurs promesses…

On a une relation saine avec les équipes du Phare. Saine dans le sens où l’on peut se dire les choses, y compris les moins agréables. Les équipes doivent pouvoir se parler en toute transparence. Quitte à taper du poing sur la table. C’est ce qui permet de tenir dans le temps.

Bien échanger avec ses partenaires et faire des points très réguliers c’est important. Avec l’équipe du Phare, nous avons des comités de pilotage toutes les semaines, ce qui nous permet de discuter au fur et à mesure des besoins et des avancées. »

Vers une économie de l’usage ?

« Pour moi, l’économie de l’usage représente l’avenir. Nous avons présenté différentes innovations lors du salon Equip’Baie.

On travaille sur la maison intelligente et le fait d’ajouter des services à nos produits. Un portail peut accueillir une boîte à colis connectée, intégrer des panneaux solaires connectés, des prises connectées pour recharger sa voiture électrique…

Lorsque vous êtes industriel et que vous avez cette logique en tête, vous restez très concerné par le produit durant tout son cycle de vie. Pas seulement à la sortie de l’usine. Pas seulement une fois que l’installation est réalisée.

Dans ce cas, on est encore plus regardant sur la qualité, la durabilité des produits. Et encore plus ouvert à élargir le champ des possibles en travaillant avec d’autres acteurs. »

La transformation digitale doit être impulsée par les dirigeants

« Je trouve qu’il y a beaucoup de chefs d’entreprises qui pensent que la transformation digitale est l’affaire du DSI ou du marketing. Pour moi, pas du tout. C’est l’affaire de tous, à commencer par celle du dirigeant qui connaît toutes les pièces de puzzle de son business, de ses partenaires, de ses concurrents… et de son compte d’exploitation.

Ainsi, il faut être curieux, sortir de son entreprise, échanger avec ses pairs – ou encore mieux avec des acteurs issus d’autres univers, d’autres écosystèmes – s’ouvrir aux nouvelles technologies et nouvelles idées. En permanence. Pas seulement une fois par an le temps d’une learning expedition. »

Vous avez envie d’accélérer votre transformation digitale ? Prenons le temps d’échanger sur vos projets et enjeux digitaux.

Propos recueillis lors de la conférence débat organisée par Le Phare le 29 septembre 2022 à la Cantine Numérique.

Chiffres clés Cadiou

– 1er fabricant français : portails, clôtures, garde-corps

– 700 salariés

– 20 commerciaux sur toute la France

– 100 millions d’euros de CA

– 50.000 portails en aluminium produits / an

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